J'ai remarqué, à mon grand malheur sentimental, être souvent attirée par ce qu'on appelle les "artistes".
J'aime les personnes passionnées, n'ayant moi-même jamais été touchée
par la grâce d'avoir une activité qui me transporte, curieuse de tout
mais me lassant rapidement, j'admire ceux qui sont portés par leur
passion, qui en parlent avec des étoiles dans les yeux -merci sûrement à
leur père, pouf pouf- dégageant ainsi une aura toute particulière.
Moins j'ai de connaissance dans l'activité en question plus je suis
intéressée.
Les musiciens sont donc bien souvent situés au top du classement. Andy en était -est toujours j'imagine- un.
ROUND N°1
La première fois que j'ai vu Andy n'était pas glorieuse pour moi, loin de là, l'alcool ayant main-prise sur ma raison.
Sortie boite avec une amie, devant sûrement être encore dans une
période morose suite à une visite chez Jules
(cf l'article sur mon walk of shame), avant "l'incident" bien sûr, j'ai voulu
lubriquéthanoliquement me lobotomiser.
Mon amie, "A", m'annonce qu'un de ses potes va arriver.
Question pragmatique de ma part :
"Est-il mignon ?"
Je l'appris une demi-heure et trois verres plus tard.
Andy arrive, sûrement soudainement possédée par un fantôme russe je
décide de l'embrasser comme il se doit -je ne me souviens toujours pas
si je m'étais présentée avant- pour ensuite le laisser dire bonsoir aux
autres protagonistes.
Je sais, trop aimable de ma part.
La
soirée se prolonge normalement, je fais connaissance avec le jeune
homme, il finit par me confier qu'il est venu dans l'espoir de séduire
A. Esprit jovial de ma part, je tente d'arranger le coup avec A qui
m'encourage à continuer de le brancher.
Bon, mon bas-ventre me démange alors je m'exécute. Sans grand succès.
C'est après avoir passé quelques temps sur la piste de danse que j'aperçois A et Andy s'embrasser.
Soit, je décide de me "venger" en embrassant à mon tour A. Puis Andy,
qui se laisse faire. Oui bon, on ne va pas revenir sur ma logique
implacable.
Je passe à la vitesse supérieure et propose de
but-en-blanc mes intentions sexuelles insinuant que conclure avec A sera
pour lui mission impossible. Comprendre : "bon, j'ai envie de baiser,
on s'en va ? De toutes façons A ne fait que jouer avec toi et
t'arriveras pas à l'avoir dans ton lit, moi oui."
Premier râteau de ma vie.
J'avoue que c'est aussi la première fois que je suis aussi "cash" avec quelqu'un que je ne connais ni d’Ève ni de tenue d'Adam.
Devant ce refus je repars danser jusqu'à ce qu'on décide tous partir.
Andy a finit par rentrer sans moi, sans A, mais j'imagine avec une grosse béquille pour prendre appui.
Je n'entendis plus parler d'Andy pendant 4mois, il n'a plus donné de nouvelles à A, frustré par son attitude.
Je me connecte sur Facebook, et oh, que vois-je ? Une friend request.
Curieuse de ce qu'il a à me dire, j'accepte.
ROUND N°2
S'ensuivent alors des échanges virtuels, de la grande sympathisation, le "feeling", Madame La Baronne, est au rendez-vous.
A cette époque là je me sentais de nouveau prête à entamer une relation
potentiellement sérieuse, et commençais à être lassée de ma période
délurée. Je tiens à prévenir Andy pour mettre les choses au clair. Reçu
cinq sur cinq.
Il me demande d'aller passer un week end féria avec lui. Il insiste, persiste, je signe.
La première soirée s'annonce pas trop mal, je rencontre par hasard des amis et fais le yoyo entre mes amis et ceux d'Andy.
On finit par se câliner, se bisouiller et tout le tralala de guimauve dégoulinant de début d'idylle.
Au petit matin on rentre se coucher dans la guest room qu'un des amis
d'Andy nous a laissé pour plus d'intimité (sinon c'était chez la mère de
ce dernier).
Sur le chemin, il me demande (bourré) plusieurs fois
si je suis sure de vouloir être avec lui, que si c'était pas le cas
fallait pas hésiter à le dire, fallait pas qu'il y ait de non dit entre
nous. Comme c'est meuuuugnon, je le rassure.
La nuit commence entrainant la folie de nos deux corps.
Enfin, si folie se peut avec un partenaire gardant les yeux fermés durant la majorité du temps. Weird.
La journée qui s'ensuit se déroule étrangement, la distance affective
étant de mise. Suspicieuse, je demande si tout va bien, ou si la phase
de dégout a été enclenchée. Monsieur n'est pas démonstratif en public.
Mouais, on va faire comme si on prenait pour argent comptant ce qu'il
essaie de me vendre comme mensonge.
La soirée arrive, je me
sens de moins en moins à ma place, je commence peu à peu à me sentir
invisible, la mélancolie s'installe, je décide de m'isoler quelques
temps histoire de me calmer et revenir avec la happyface.
Personne n'a noté mon absence, encore plus fun, Andy m'apprend joyeusement (véridique) une très bonne nouvelle :
-"Je viens d'embrasser trois filles !"
-(avec un ton se voulant aussi joyeux) "Ah super !"
- Non mais je plaisante pas hein !!
- Cool Andy ..."
Je décide de m'éclipser à nouveau en contenant mes larmes de rage et de peine.
Évidemment, la piquette de la bodega a fait son effet, je me lamente,
sanglote, et tout naturellement je décide d'errer seule dans les rues de
la ville.
C'est ainsi que je rencontre un compagnon d'infortune
qui vient de se faire jeter par sa nana, et qui comme moi, erre pour se
remettre les idées en place. Il me raconte alors ses déboires, je lui
raconte les miens, dans l'ivresse pathétique j'envoie un sms à Don Juan
"Au fait, si par le plus grand des hasards tu te demandes un jour où je
suis, ben moi je ne sais pas, salut".
Comme prévu, aucune réponse.
Une heure plus tard, le coucou de mon
gogo-gadgéto-éventuellement-téléphone se met à cuicuiter, le sultan fait
mine de s'inquiéter et m'implore de retrouver son harem. Un peu
désalcoolisée je décide de coopérer, ben oui, je ne vais pas non plus
passer ma nuit dans la rue par orgueil.
Direction la bodega, le fiancé éconduit me raccompagne pour qu'il ne m'arrive rien sur la route.
ROUND FINAL, battue par ko.
A l'instant même de mon retour je découvre le principal intéressé en
train de labradoriquement embrasser une fille. Tiens, j'avais pas assez
été humiliée.
Bon cette fois je suis moins complaisante et laisse
une trace de mon bref passage sur la joue du guignol. Je patiente en
retrait jusqu'à ce que la soirée se finisse, n'entraînant pas avec elle
la fin de la connerie testostéronée, hélas.
Tout le monde est dehors, Andy et sa greluche aussi.
Je le prends à part, lui dit qu'il fait vraiment que de la merde, il me rétorque que non.
Oui parce qu'apparemment il m'a invitée pour qu'on s'amuse, qu'on vive
nos vies, j'aurais pu rire s'il avait enchaîné par le lieu commun «
Carpe Diem » mais non, pas de bol.
Il tente pitoyablement de faire
passer la pilule en arguant que j'étais une fille super sublime, qu'il
m'a offert ce qu'il avait à m'offrir -big Lol de la soirée, son « cadeau
» était bien plus facile à digérer que la pilule rouge qu'il était en
train de me proposer, kof kof- qu'il n'a jamais dit qu'il recherchait
une relation sérieuse, et là, enfin, le sacro-saint « il ne faut pas se
prendre la tête ».
Rappelez-vous le sentiment de blasitude
perpétuelle présent dans les paroles du personnage Daria et vous avez
le ton de ma voix pendant toute la fin de cette histoire.
« On fait comment alors, tu viens DORMIR avec moi ou ? »
« Non, car on ne couchera pas ensemble donc ça ne sert à rien, je ne
veux pas de relation sérieuse (il a bien appris sa leçon par cœur le
p'tit), ce ne serait pas honnête (oh oui mon chou, je comprends, tu as
raison), toi tu cherches ça, pas moi, ça sert à rien que je vienne
dormir avec toi. »
Attention, le come-back de « je veux me
donner bonne conscience alors je te flatte » mais version alcool
triple-sec destructeur de reste de ciboulot (là j'ai en tête « t'es
beau comme garçon » de Clarika) :
« T'es une fille vraiment
touchante, t'es attentionnée avec tout le monde c'est beau, magnifique
même, t'as beaucoup à offrir, mais moi je veux pas de tout ça. Je
cherche pas de plan cul, faut qu'il yait quelque chose derrière tu
comprends etc"
Si quelqu'un a perçu une once de cohérence dans ses propos, je veux bien qu'on me la fasse découvrir.
Je le coupe net dans son soliloque :
« Donc si je comprends bien, tu vas dormir avec la fille que tu as
rencontré ce soir ? Tu m'as invitée pour le week-end et tu files baiser
avec ce soir ? »
« Ouais !! »
« Ah ouais, au moins quand tu fais de la merde tu fais pas semblant, c'est bien, tu vas jusqu'au bout ».
« Mais non je fais pas de la merde »
« Oui d'accord, bref, du coup, je fais comment moi ? Je dors où, rentre comment ? »
Là, lueur du mec qui n'a pas préalablement réfléchi à la question, ben ouais, trop occupé à lustrer ses bijoux de famille.
« Euh, ben on va appeler un taxi, t'inquiète pas, on va trouver où tu vas dormir"
(Et là j'essaie de rendre son discours cohérent)
J'ai laissé tomber l'idée de lui faire comprendre que son attitude
était abjecte, je suis allée voir sa soeur et lui ai demandé si je
pouvais dormir avec elle chez leur mère, elle a totalement « halluciné
».
On prend le taxi, lui, sa greluche, sa soeur et moi.
Il nous dépose chez la mère d'Andy, la sœur et moi sortons, Andy et l'autre qui sortent aussi … WTF ?
"Fallait le dire Andy si tu voulais faire un plan à 3" dis-je sarcastiquement.
Sa soeur l'a pris en aparté et lui a fait comprendre que baiser dans la
chambre à coté de celle où je dormais c'était peut être too much vis à
vis de moi.
Trop aimables ils ont décidé de partir à pieds dans la
guest-room où je dormais avec Ne-me-dis-plus-jamais-oui, mes affaires
étant encore dedans.
Le lendemain fut épique, surtout le
petit-déjeuner avec sa mère, persuadée elle aussi que nous étions
ensemble et que ça donnerait à son fils un prétexte supplémentaire pour
venir plus souvent dans le sud du pays.
Don Juan ne s'est
pointé qu'à 14h, apportant mes affaires, puis nous avons filé jusqu'à
chez moi pour me ramener, inutile de préciser que le retour était
glacial.
J'ai quand même eu droit à un « courageux » sms d'excuses le soir.
L'abus d'alcool est donc dangereux pour la Santé, et pour les « amours ».